Dépendance iatrogène
Prévention de la dépendance iatrogène évitable acquise à l’hôpital
Environ 20% des patients âgés augmentent leur niveau de dépendance de façon importante au cours d’une hospitalisation. Cette perte d’autonomie acquise durant l’hospitalisation peut être expliquée par plusieurs facteurs intriqués :
- la pathologie aigüe ayant menée à l’hospitalisation,
- des facteurs individuels mais également par l’environnement hospitalier,
- les soins et traitements apportés durant l’hospitalisation.
La Dépendance Iatrogène (évitable) est définie comme la part le plus souvent évitable de la dépendance acquise durant l’hospitalisation en relation avec les soins et c’est cette majoration de la dépendance liée aux soins qui intéresse le travail mené au CHU de Toulouse. Le projet régional de « Prévention de la Dépendance Iatrogène à l’Hôpital en Région Occitanie » a été mis en place au niveau du Pôle de Gériatrie de 24 établissements de santé publics et privés de la région. Ce projet consiste en une démarche de prévention et d’implémentation de bonnes pratiques cliniques.
Selon les études, 30 à 60% des patients âgés perdent de l’autonomie dans les Activités de bases de la Vie Quotidienne (AVQ) au cours d'un séjour à l'hôpital (Covinsky et al., 2011), même avec une bonne fonction de base et malgré le traitement de la maladie menant à l’hospitalisation. La perte d’autonomie peut dépendre de cette maladie mais aussi de l’organisation de l’institution ou des soins prodigués. On parle alors de complications iatrogènes. Elles sont souvent évitables et peuvent être la cible d'interventions (Lafont et al., 2011).
Lors d’une précédente étude au CHU de Toulouse (2012), il a été établi que la prévalence de la dépendance associée à l'hospitalisation était de 18.1% (95% IC, 14.7 à 21.4%) chez les patients de 105 unités médicales et chirurgicales (Sourdet et al., 2015). La prévalence de la dépendance iatrogène était de 11.9% (95% IC, 9.2 à 15.1%) et elle était évitable dans 80% des cas. L'alitement excessif et le manque de mobilisation (58.3% de tous les patients) ou la surutilisation des protections pour l’incontinence (49.0%) ont été deux des principaux problèmes identifiés.
Depuis 2017, la Haute Autorité de Santé a émis des recommandations de bonnes pratiques de prévention de la dépendance liée à l’hospitalisation. Elles reposent sur la formation des soignants, l’utilisation de l’échelle ADL et la connaissance de situations à risque. Des objectifs de soins peuvent alors être posés par l’équipe pluridisciplinaire afin de stabiliser ou améliorer l’autonomie du patient. Le projet régional concerne actuellement 54 établissements de soins de la région Occitanie. Il est implémenté au niveau des services de Gériatrie et doit être diffusé à l’ensemble des autres unités.
Articles :
Covinsky, Kenneth E., Edgar Pierluissi, et C. Bree Johnston. 2011. « Hospitalization-Associated Disability: “She Was Probably Able to Ambulate, but I’m Not Sure” ». JAMA 306 (16): 1782‑93. https://doi.org/10.1001/jama.2011.1556.
Lafont, C., S. Gérard, T. Voisin, M. Pahor, B. Vellas, et I.A.G.G. / A.M.P.A Task Force. 2011. « Comment réduire la dépendance iatrogène chez les sujets âgés hospitalisés ? » Les cahiers de l’année gérontologique 3 (1): 6. https://doi.org/10.1007/s12612-011-0199-9.
Sourdet, Sandrine, Christine Lafont, Yves Rolland, Fati Nourhashemi, Sandrine Andrieu, et Bruno Vellas. 2015. « Preventable Iatrogenic Disability in Elderly Patients During Hospitalization ». Journal of the American Medical Directors Association 16 (8): 674‑81. https://doi.org/10.1016/j.jamda.2015.03.011.